Cover
Titel
Dossier sport ouvrier.


Herausgeber
Guex, Sébastien; Haver, Gianni; Tissot, Laurent
Reihe
Cahiers d'histoire du mouvement ouvrier 18
Erschienen
Lausanne 2002: Editions d'en bas
Anzahl Seiten
143 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Sabine Christe

Dans ce numéro thématique dirigé par Sébastien Guex, Gianni Haver et Laurent Tissot, les auteurs défrichent un domaine souvent négligé, voire oublié, de l’historiographie, celui de l’histoire du sport et plus largement l’histoire du sport ouvrier en Suisse. Les cinq premiers articles sont consacrés aux débuts et à l’évolution de diverses associations sportives créées sous l’impulsion du mouvement ouvrier et dont la vocation plus ou moins explicite est autant la pratique sportive que le militantisme politique.

Ainsi, dans un premier article, Marci Marcacci analyse l’évolution de l’organisation sportive SATUS, fondée en réaction à la très conservatrice société de gymnastique du Grütli, en mettant en évidence les raisons qui l’amènent à perdre, au fil du XXe siècle, toute consonance idéologique, puis définitivement toute référence au monde ouvrier dans les années 1990.

Charles Heimberg analyse, quant à lui, l’émergence et la recherche d’autonomie du mouvement ouvrier sportif suisse à travers l’exemple de l’union sportive du travail de Plainpalais qui souhaite clairement «une libération du sport ouvrier de la tutelle bourgeoise». L’article souligne les difficultés pour une telle association (locaux, financement, etc.) face à la concurrence des associations bourgeoises dominantes, ainsi que la position des dirigeants sportifs qui cherchent à politiser les jeunes à travers cette activité de loisirs.

C’est au travers de l’exemple du club de football d’Audax Frioul que Raffaele Poli, Guillemette Gold, Alexis Rish et Gael Curty, analysent, dans un contexte de forte émigration italienne, le rôle social du foot pour cette communauté de Neuchâtel. Les auteurs mettent en avant les étapes de l’existence du club, fondé en 1949, le faisant passer d’une association constituée essentiellement d’ouvriers italiens et comportant une valeur identitaire forte, à une équipe plus mélangée qui va accueillir, au fil du temps les nouveaux immigrants, devenant ainsi une équipe plus mélangée.

Renato Simoni aborde l’histoire du sport au Tessin dans la première moitié du XXe siècle et son lien avec le socialisme. L’article met en lumière l’attitude d’abord méfiante des socialistes tessinois face au sport, perçu comme bourgeois, et qui va ensuite se modifier par stratégie et par volonté de contrôle des loisirs, pour déboucher, en 1923, par la fondation d’une fédération sportive prolétaire.

Toujours au Tessin, Andrea Porini explore les débuts de l’Unione ticinese operai escursionisti (UTOE) pendant l’entre-deux-guerres. Comme plusieurs autres associations sportives, l’UTOE, à travers l’alpinisme et les randonnées, a une vocation d’encadrement des loisirs ouvriers, teintée de morale hygiéniste et éducative de même que celle de lutter, entre autres, contre l’alcoolisme. Ouvert aux femmes, contrairement au très bourgeois et conservateur Club alpin, l’UTOE va pourtant s’en rapprocher progressivement dans les années 1930, véhiculant à son tour des valeurs patriotiques et participant au courant de défense nationale spirituelle. Peu à peu, le lien avec la base ouvrière se perd pour devenir une organisation d’orientation socialiste modérée.

Les deux dernières contributions de cet ouvrage n’ont pas trait au sport et sont de nature un peu différente. Marc Vuilleumier aborde les loisirs ouvriers en se penchant une nouvelle fois sur l’aventure de la Maison du peuple, à Lausanne, grâce à l’étude de nouvelles archives, celles de son principal fondateur, Georges Renard. Le riche corpus de sources permet de mettre en évidence la volonté de créer un endroit où la classe ouvrière et laborieuse peut se réunir (bibliothèque, bains publiques, salle de lecture, etc.) sans consommer d’alcool, dans un esprit fraternel. Pourtant, le programme culturel ne rencontre pas le succès escompté et la Maison du peuple peinera à trouver un sens à sa mission, tantôt trop bourgeoise, tantôt ouvrière et difficile à définir.

C’est aussi grâce à la découverte de nouvelles sources que Claude Cantini revient sur «l’affaire Bornens», celle d’un infirmier en psychiatrie à l’asile de Cery et syndicaliste engagé. L’auteur fait ainsi dialoguer les registres contenant les procès-verbaux du syndicat de Cery et ceux de la Police de la sûreté vaudoise sur le cas de celui qui sera finalement renvoyé du territoire vaudois sur ordre du Conseil d’État.

À la lecture de ces sept textes extrêmement riches et intéressants, on ne peut qu’espérer que la recherche dans le domaine ne s’arrête pas à cette contribution et que d’autres pans de l’histoire du sport et du sport ouvrier en Suisse soient explorés.

Citation:
Sabine Christe: compte rendu de: Sébastien Guex, Gianni Haver, Laurent Tissot (dir.), Dossier sport ouvrier, Lausanne: Ed. d'en bas, Cahiers d'histoire du mouvement ouvrier 18, 2002, 143 p. Première publications dans: Revue historique vaudoise, tome 116, 2008, p.267-268.

Redaktion
Veröffentlicht am
06.04.2010
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Die Rezension ist hervorgegangen aus der Kooperation mit infoclio.ch (Redaktionelle Betreuung: Eliane Kurmann und Philippe Rogger). http://www.infoclio.ch/
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